Ils portent un vo phuc (tenue bleue) et une ceinture bleue, jaune, noire ou rouge selon le niveau : ce ne sont pourtant pas des judokas mais bien des pratiquants de Vovinam-Viet Vo Dao. Une discipline qui allie souplesse et droiture en utilisant à la fois les techniques de bases des arts martiaux mais surtout la technique spectaculaire des ciseaux volants. Découverte.
Malgré sa rareté, l’émission “La France a un incroyable talent" diffusée sur M6 a déjà fait parler de la discipline dans un numéro datant d’octobre 2013. Créé en 1938 à Hanoï par le Maître Fondateur Nguyên Lôc, le Vovinam-Viet Vo Dao, cet art martial moderne 100% vietnamien tend aujourd’hui à se développer parmi les adeptes de sports de combat et compte plus de 10000 pratiquants en France. Hung Nguyen, professeur et président de l’École de Vovinam de Paris, ceinture jaune troisième Dang et surtout passionné, nous dévoile la vérité sur ce qui représente un véritable art de vivre.
Vovinam ou Viet Vo Dao ?
Le Vovinam-Viet Vo Dao utilise les coups de pieds, coups de poings, projections, clés, armes traditionnelles et ciseaux volants. C’est donc un art martial complet
C’est à Limoges, ville historique de l’implantation et du développement de plusieurs des Arts Martiaux vietnamiens, que le Vovinam-Viet Vo Dao se voit enseigner sur son premier Võ Đường (dojo) français dans les années 70. Il fait partie d’un regroupement d’arts martiaux vietnamiens qui adoptent le terme VIET VO DAO comme dénominateur commun en référence à une véritable philosophie vietnamienne. « Tous les arts martiaux vietnamiens étaient regroupés dans une structure “fédérative”, le Viet Vo Dao , qui n’est pas un style d’art martial vietnamien mais qui regroupe bien tous les style », éclaircit le professeur Hung Nguyen. Une précision qui permet de rappeler que le Vovinam est LA discipline des ciseaux volants et se différencie d’autres disciplines également associées à la philosophie des arts martiaux vietnamiens (Viet Vo Dao).
Si la technique des ciseaux volants est la plus répandue dans le Vovinam-Viet Vo Dao, on retrouve également d’autres pratiques comme l’utilisation d’armes traditionnelles telles que le hallebarde. Des techniques qui font du Vovinam un art martial complet : « Au judo par exemple, on a principalement que des projections, au taekwondo, on utilise que les coups de pied et au karaté, on n'a pas la manipulation des armes traditionnelles. Tandis que le Vovinam utilise les coups de pieds, coups de poings, projections, clés, armes traditionnelles et ciseaux volants. C’est donc un art martial complet qui va développer de nombreuses techniques de base. Une fois que l’on maîtrise ces techniques de base, on commence à travailler sur les stratégies de combat, les enchaînements, les contre-attaques à deux, les combats codifiés à deux, et une fois que tout cela est acquis on travaille sur le Quyen*.» (*Le «Quyen», forme ultime du Vovinam, souvent associé au «Kata» japonais).
Entre esprit et technique
La première chose que l’on doit comprendre c’est le principe de l’harmonie entre la force et la souplesse que l’on retrouve dans le symbole du Vovinam, le bambou, qui plie mais ne rompt pas
Si l’on retient principalement la technique spectaculaire des ciseaux volants, la richesse du Vovinam-Viet Vo Dao réside également dans l’équilibre entre la pratique technique et la pratique philosophique. « La première chose que l’on doit comprendre c’est le principe de l’harmonie entre la force et la souplesse que l’on retrouve dans le symbole du Vovinam-Viet Vo Dao, le bambou, qui plie mais ne rompt pas», enseigne le professeur Nguyen. Les ciseaux volants ne représentent donc que la souplesse, tandis qu’en marge il y a la force physique et surtout mentale du pratiquant. Répondant au principe d’harmonie entre force et souplesse et à la devise : “Être fort pour être utile”, c’est la formation de l’homme vrai au delà de toutes considérations politiques, raciales ou religieuses qui est sublimée dans le Vovinam-Viet Vo Dao.
Symbole du yin et du yang, la force et la souplesse sont image de toute vie qui vacille toujours entre les deux côtés : « Notre but est d’équilibrer ces deux côtés. Aujourd’hui on peut appliquer ces règles de vie dans la vie professionnelle ou familiale. Le Vovinam-Viet Vo Dao nous permet de concilier ces différents aspects de l’homme qui font partie de sa nature même», professe Hung Nguyen.
L’un des principes fondamentaux est ainsi d’atteindre le plus haut niveau de l’âme pour servir le peuple et l’humanité. « Cultiver la connaissance, forger l’esprit, progresser dans la vie, vivre avec justice, simplicité, loyauté, noblesse d’esprit », autant d’objectifs inculqués par le professeur à travers cet art martial. Et si toutes ces valeurs sont intrinsèques au Vovinam-Viet Vo Dao, le respect qui se transmet à travers le salut est la base même de la discipline. La « Main d’acier sur un coeur de bonté » doit être fait systématiquement lorsque les pratiquants entrent dans la salle, sortent, demandent des informations ou remercient. Ainsi, le fameux « Quyen », forme ultime du Vovinam-Viet Vo Dao, souvent associé au «Kata» japonais est pourtant bien plus qu’une simple forme puisqu’il est une technique poétique liée à une signification historique bien particulière. Représentant les animaux mythiques du tigre et du dragon, il n’y a pas de modèle absolu ou une perfection à atteindre. « Plus on augmente le niveau, plus on doit travailler les points faibles, côté souplesse. Au début on travaille sur la puissance, la force et plus ça va plus on essaie de s'associer avec la souplesse et d’équilibrer les deux », rappelle le Professeur. Au Vovinam-Viet Vo Dao, l’idée est donc avant tout de sentir le mouvement, en saisir la signification profonde et l’essence. Et surtout les faire sien.