Grand Maître Lê Sang

Il assurait les fonctions de Patriarche depuis 1964 jusqu'à 1986 et de 1990 jusqu'à sa mort. Il est décédé le 27/09/2010 au Vietnam, à 90 ans.

Maître LÊ Sang est né à l'automne 1920 à Hanoi - Vietnam, d'une famille de trois enfants, donc dont il est l'aîné, baignée dans un mélange de courants religieux : le bouddhisme du côté paternel et le catholicisme du côté maternel.

Il a choisi le célibat pour pouvoir se donner pleinement à l'art martial Vovinam VietVoDao (VVD).

A l'âge de 20 ans, suite à une maladie qui l'avait complètement paralysé et malgré les soins qui lui étaient prodigués durant une année, il avait par la suite réussi à retrouver tout doucement la forme mais éprouvait encore des difficultés pour marcher. Pour remédier à ce problème et sur les conseils de ses parents, il décidait de chercher un maître pour apprendre les arts martiaux. Le hasard l'avait amené avec ses deux amis DANG Bay et DANG Binh au cours de Vovinam de l'Ecole Normale de Hanoi, où enseignait le Maître Fondateur NGUYÊN Lôc (1912-1960).

Talentueux et persévérant, cinq ans après, en 1945, il a été nommé par le Maître Fondateur comme enseignant aux côtés de ses aînés comme NGUYEN Xuan My, NGUYEN Khai et NGUYEN Bich pour dispenser les entraînements au centre BAC QUA, la maison DAU SAO, centre QUAN NGUA... dans la ville de Hanoi.

A partir de ce moment, il voyageait et accompagnait le Maître Fondateur dans toutes les provinces du nord du Vietnam : Hai Phong, Thach That, Phu Tho, Chue Luu, Dan Ha, Dan Thuong, Me Doi, Phat Diem... En 1948, comme la guerre France-Vietnam faisait rage, il arrêtait temporairement le Vovinam pour se tourner vers une activité économique. Toutefois, il était toujours disponible à chaque fois que le Maître Fondateur NGUYÊN Lôc avait besoin de lui.

En juillet 1954 le Maître Fondateur NGUYÊN Lôc rejoignait le Sud Vietnam avec ses fidèles disciples. Quelques mois plus tard, en 1955, il avait ouvert le premier Centre de Vovinam au 55 rue THU Khoa Huan avec l'assistance de Maître PHAN Duong Binh. Maître LÊ Sang avait aussi rejoint le Maître Fondateur au sud Vietnam, en août 1954. A son arrivée, il avait pris contact avec Maître NGUYÊN Lôc et aidait de temps en temps ce dernier dans ses enseignements ; il remplaçait Maître PHAN Duong Binh lorsque celui-ci devait retourner au Nord pour motifs familiaux.

En 1957, Maître Fondateur NGUYÊN Lôc était malade. Il autorisait ses disciples à créer de nouveaux centres et à y enseigner. Pour ses propres salles, il les avait placées sous la direction des maîtres LÊ Sang et TRAN Huy Phong. A ce moment, Maître LÊ Sang avait pris la décision d'arrêter ses activités professionnelles pour se consacrer au Vovinam.

Le 30 Avril 1960, le Maître Fondateur NGUYÊN Lôc décède à Saigon et est enterré au cimetière MAC Dinh Chi. Le Maître n'avait ni laissé de testament, ni désigné son successeur. Maître LÊ Sang étant l'aîné et le plus âgé des maîtres de cette époque, avait été désigné par ses pairs comme « Maître Aîné ». Le 11 novembre 1960, un coup d'état avait eu lieu mais se soldait par un échec. Comme il y avait de nombreuses personnalités du monde des arts martiaux parmi les insurgés, dont les plus connus : Monsieur PHAM Loi (Judo) et Monsieur TAM Kieng (Arts martiaux traditionnels), les sanctions furent sans appel : interdiction d'enseigner les arts martiaux dans le sud.

Maître LÊ Sang se retrouvait donc dans l'impossibilité d'enseigner le Vovinam-VVD, faute d'autorisation. Il décidait donc de partir à Quang Duc avec NGUYEN Hai, le petit frère du Maître Fondateur, pour la gestion d'une plantation de caoutchouc ainsi qu'une fabrique de bois (1961-1964).

Pendant ce temps, Maître TRAN Huy Phong, le remplaçait. Il continuait à développer le Vovinam dans le plus grand secret. A la fin de l'année 1963, un deuxième coup d'état eu lieu, qui réussi cette fois-ci ! Les écoles d'arts martiaux avaient de nouveau l'autorisation d'enseigner.

Maître LÊ Sang, ayant eu des difficultés économiques, était retourné à Saigon en avril 1964. Ayant appris le retour du Maître LÊ Sang, les maîtres dirigeants de cette époque avaient invité ce dernier à les rejoindre, ce qui fut chose faite. A ce moment là, Maître LÊ Sang participait au développent du Vovinam aux côtés des maîtres dirigeants de l'époque comme : TRAN Huy Phong, MANH Hoang, Nguyen Van Thu, TRAN Duc Hop, NGO Huu Lien, PHAN Quynh, TRAN Ban Que, NGUYEN Van Cuong, NGUYEN Van Thong ... Ils établissement d'un programme pour institutionnaliser l'organisation, ainsi qu'un grand projet de développement à l'échelle nationale. Ce fut la grande époque de la renaissance du Vovinam-Viet Vo Dao (1964-1975). C'est aussi le moment où la fonction de Maître Patriarche a été créée et Maître LÊ Sang a été élu comme Patriarche par le premier Conseil des Maîtres du Vovinam-VVD.


Extrait du texte écrit par Maître NGUYEN Hong Tam

Maître LÊ Sang était, « au-delà du pratiquant modèle de Vovinam-VVD qui s'entraîne pour vaincre les bassesses de l'âme et les faiblesses du corps, pour se construire une vie meilleure, se donnait comme responsabilité d'aider les autres et était prêt à se sacrifier pour servir le Vovinam, la société ...

De plus, grâce à ses travaux de recherche incessante, il avait enrichi le système technique du Vovinam-VVD afin de répondre aux nécessités d'un développement international, qui avait commencé par la France en 1973 ...

En plus de ses talents dans les arts martiaux, de ses capacités dans le monde économique, excellent dirigeant, Maître LÊ Sang était aussi un grand poète. Ses textes, par sa très belle écriture, reflétaient émotion et esprit chevaleresque. Un certain nombre de ses poèmes étaient transformés en chansons. Dans la vie, c'était un homme simple, vrai, utile pour son entourage, tolérant et patient avec les disciples, disponible quand ses parents avaient besoin de lui ...

Après une période de maladie, Maître LÊ Sang avait a quitté ce monde à 3 heures du matin (horaire vietnamienheure du Vietnam) le 27-9-2010, correspondant au 20 Août de l'année du Tigre (Canh Dân), à 91 ans (âge vietnamien). La disparition du Maître LE Sang est une grande perte pour le monde des arts martiaux et pour tous les pratiquants de Vovinam-VVD dans le monde ».