Chauffeuse de bus à TBC, la Bordelaise Sonia Anglio a remporté les championnats du monde de Vovinam Viet Vo Dao, un sport de combat vietnamien.
Si vous êtes usagers des transports en commun et que vous empruntez la ligne de bus numéro 11, vous croiserez peut-être la route d'une chauffeuse pas comme les autres. Depuis dimanche, Sonia Anglio, 36 ans, est la nouvelle championne du monde de Vovinam Viet Vo Dao, catégorie des moins de 65 kg. Inventé par un Vietnamien, cet art martial est souvent présenté comme un mélange entre la boxe française et le taekwondo. Attention, ça peut faire mal.
Cheveux frisés et corps d'athlète, Sonia Anglio n'a découvert que sur le tard cette discipline peu médiatisée en France. « J'ai toujours fait beaucoup de sport, notamment du jiu-jitsu brésilien. Mais je ne me suis vraiment mise au Vovinam qu'en 2009 », explique-t-elle. Six mois plus tard, la débutante devient championne de France. Une surprise ? Pas pour Michel Fortin, son entraîneur. « Sonia était déjà solide physiquement en arrivant au club Vovinam TBC. Et surtout, elle frappe dur, très dur. »
Il faut dire que la jeune femme est aussi agressive et déterminée sur le tatami que souriante et avenante au volant de son bus. Une étonnante capacité à donner des coups, mais aussi à en recevoir. « Lorsque j'affronte des hommes, je ne supporte pas qu'ils retiennent leurs frappes. D'ailleurs, on me dit souvent que je me bats comme un mec. »
C'est quoi ces Schtroumpfs ?
C'est une amie, elle-même pratiquante et salariée de la TBC, qui lui parle pour la première fois du Vovinam Viet Vo Dao. Première réaction de l'intéressée : « C'est quoi ces Schtroumpfs en kimono bleu ? » L'amie insiste, Sonia accepte finalement de participer à un entraînement, « pour voir ». « Au bout d'une heure d'échauffement, j'étais conquise, j'ai fait le chèque pour la licence dans la foulée. »
Très vite, la nouvelle venue squatte les podiums. Quadruple championne de France, championne d'Europe, elle manque une première fois, en 2011, de ravir la couronne mondiale. Partie remise deux ans plus tard à Paris, à l'occasion des premiers championnats du monde organisés hors des frontières vietnamiennes. C'était dimanche dernier, la Française affronte en finale une Biélorusse qui veut lui « péter les dents ». Elle n'en aura pas l'occasion. Victoire par K.-O. de Sonia Anglio dans le troisième round et le sentiment du devoir accompli pour la Bordelaise, qui envisage désormais de mettre un terme à sa carrière.
Chauffeuse et réserviste
Pas simple en effet de conjuguer une vie de chauffeuse de bus avec celle de sportive de haut niveau. Si son entreprise lui propose un emploi du temps aménagé, la championne doit tout de même se débrouiller sans sponsors, ni primes de victoire. « Pour ma performance aux championnats du monde, j'ai juste eu le droit de conserver le survêtement aux couleurs de l'équipe de France », regrette celle qui est aussi réserviste dans l'armée de terre pendant ses vacances.
Ce titre de championne du monde, Sonia Anglio aurait d'ailleurs pu ne jamais le remporter. Deux semaines avant la compétition, elle est invitée à un mariage. « Après quelques coupes de champagne, j'ai commencé à danser comme une folle. Un grand écart, deux, trois... au bout du cinquième, j'ai senti une douleur derrière la cuisse : élongation. Je ne suis pas passée loin de déclarer forfait ! » Du Sonia tout craché pour son entraîneur, qui préfère en rire aujourd'hui.