Champion d'arts martiaux, cascadeur international, doublure régulière d'Omar Sy et peut-être bientôt acteur: Serge Crozon est un homme aux nombreuses casquettes, qui a su conjuguer ses deux passions, le cinéma et les sports de combat.
Champion d'arts martiaux, cascadeur international, doublure régulière d'Omar Sy et peut-être bientôt acteur: Serge Crozon est un homme aux nombreuses casquettes, qui a su conjuguer ses deux passions, le cinéma et les sports de combat.
Muscles particulièrement bien dessinés pour son âge (51 ans), petite barbichette poivre et sel et crâne chauve, le solide gaillard d'origine centrafricaine reçoit l'AFP dans son dojo de Longjumeau (Essonne), au sud de Paris, où il a passé une partie de sa jeunesse et habite toujours.
C'est là qu'il enseigne le Vovinam Viet Vo Dao, une discipline vietnamienne très spectaculaire qu'il pratique depuis l'âge de 14 ans et dans laquelle il a gagné de nombreux titres, notamment celui de champion du monde.
"Depuis tout jeune, j'ai voulu pratiquer les arts martiaux dans le but de devenir acteur de film d'action", rembobine-t-il.
Au début des années 2000, après un casting, on lui propose de devenir doublure cascade. Petit à petit, Serge Crozon se fait un nom dans le milieu et intègre des productions américaines.
Il a maintenant une trentaine de films à son actif, tournés partout dans le monde. Parmi eux, des productions à gros budget, comme "Sahara", "Casino Royale", ou encore "300: La naissance d'un empire".
Il explique sa longévité par le sérieux, le travail et l'humilité. "Je m'entraîne presque tous les jours, il faut être toujours prêt, comme des soldats. Et j'ai l'habitude de faire des choses que je connais, que je maîtrise, pour réduire les risques. Il faut laisser à chaque cascadeur sa spécialité. Un acteur peut être doublé par trois cascadeurs différents", explique-t-il.
Là où certains sont particulièrement à l'aise avec les voitures ou les explosions, il s'est spécialisé dans les scènes de combat.
"Quand on se donne des coups de poing au visage, on ne se touche pas. C'est la réaction au coup et la position de la caméra qui va donner l'impression de violence", détaille-t-il. "Il y a de faux sols pour amortir la chute, des fausses pierres qui vous tombent dessus, etc."
"Maîtriser le vrai"
Sur le film "Mortal Kombat", sorti cette année, sa grande scène de "baston" - qui le voit faire quatre chutes - dure un peu plus de deux minutes. Mais elle a nécessité trois semaines de répétition et trois nuits de tournage.
Malgré l'intensité de la préparation, il reste toujours une part d'imprévu. Sur le tournage du James Bond "Casino Royale", il s'est blessé pendant sa dernière journée de travail, lors d'une scène de combat sur une grue.
"Je me suis pété à peu près tous les ligaments du genou gauche. Mais sur le coup je n'ai pas eu mal, j'ai recommencé l'action derrière". Il a quand même dû s'arrêter de travailler pendant un an et subir plusieurs opérations. "Pour faire le faux, il faut maîtriser le vrai", explique-t-il pour définir son métier.
"On ne peut pas toujours tricher. J'ai fait un petit film où je devais me cogner la tête contre un meuble. Ca, je ne pouvais pas le faire au ralenti. Je l'ai fait, mais seulement une prise".
En France, Serge Crozon est notamment connu pour être la doublure d'Omar Sy, avec qui il a travaillé sur "sept ou huit films". "Toujours un plaisir", sourit-il.
Pourtant, la ressemblance n'est pas flagrante, et Serge Crozon (1,84 m, 92 kg) rend huit centimètres à la star d'"Intouchables". Des détails, qui, avec les costumes, sont vite gommés.
"On a plus ou moins le même profil, la même carrure. Il y a quelque chose dans le physique. A chaque fois que je l'ai doublé, j'ai toujours été un peu maquillé: il a une teinte de peau un peu plus foncée que moi, on me met une perruque... Et c'est la magie du cinéma".
A son âge, il sait que, malgré son excellente condition physique, il n'en a "plus pour longtemps à ce niveau-là". "Le combat contre le temps est perdu d'avance", philosophe-t-il.
Reste son envie de jouer dans un film d'action et faire ses cascades pour lui, "à [son] compte"
"Je continue à travailler mon acting. Acteur ça reste mon rêve, j'y arriverai".
source : https://www.rtbf.be/culture/cinema/acteurs/detail_serge-crozon-le-cascadeur-dans-l-ombre-d-omar-sy?id=10781454