Lê Hai Binh a contribué à l’essor du vovinam dans le pays. Depuis 2007, il apprend gratuitement cet art martial à des milliers d’étudiants. Un moyen de concilier sa passion et la transmission de valeurs à la nouvelle génération.
Le maître Lê Hai Binh exécute des techniques de contre-attaque de couteau à l’Académie diplomatique du Vietnam. Photo : Nguyên Khanh/CVN
Il est 19h00. En dépit du froid rigoureux, près de 200 adeptes de vovinam sont prêts pour l’entraînement dans l’enceinte de l’Académie diplomatique du Vietnam. Portant une ceinture rouge, le maître répond à leurs saluts. Habitué aux médias, Lê Hai Binh est aussi le porte-parole du ministère vietnamien des Affaires étrangères.
Le cours se déroule dans une ambiance chaleureuse, entremêlé de petits cris d’admiration et les applaudissements des participants. Le maître Lê Hai Binh exécute des techniques de contre-attaque de couteau. Les élèves s’appliquent à écouter ses recommandations, utiles peut-être un jour : «Aujourd’hui, je vous présente les techniques de défense contre un couteau. J’espère cependant que vous ne devrez pas appliquer ces techniques dans votre vie».
L’artisan derrière l’expansion du vovinam
Né à Hanoi, Lê Hai Binh s’est installé par la suite dans la province de Khanh Hoà (Centre) à l’âge de 6 ans avec sa famille. Pratiquant déjà plusieurs arts martiaux, Hai Binh a commencé le vovinam à 12 ans. Un sport qui devient une vraie philosophie de vie. «C’est un art martial traditionnel qui permet de rester humble et généreux dans toutes les situations», commente le maître.
En outre des arts martiaux, Hai Binh s’est voué une passion pour la diplomatie, du fait de son admiration pour son grand-père maternel Nguyên Minh Vi. Ce dernier était chef adjoint de la délégation vietnamienne ayant pris part à la signature de l’Accord de Paris tenue en 1973.
Lê Hai Binh a décidé de poursuivre la tradition familiale en suivant ses études à l’Académie diplomatique du Vietnam à Hanoi. Cependant, il n’avait pas beaucoup de temps pour s’entraîner au vovinam, l’art martial n’étant pas encore développé à cette époque-là. C’est sans doute sa première rencontre avec le maître Pham Quang Long, enseignant à l’époque à Hanoi, qui lui a ravivé l’envie de pratiquer ce sport.
Le vovinam se construit sur le sens de l’humilité et la générosité.
Photo : Thanh Tùng/VNA/CVN
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En 2007, Hai Binh a créé un club de vovinam à l’Académie diplomatique du Vietnam. Depuis, avec ses amis, il l’enseigne à des milliers de personnes, et ses cours suscitent un intérêt croissant, année après année.
Pour Bùi Duc Thuân, ancien étudiant de l’Académie diplomatique du Vietnam et aussi camarade de Hai Binh au ministère des Affaires étrangères, le diplomate va au delà de son rôle de professeur. «Ici, nous apprenons gratuitement le vovinam. Quand nous organisons des événements comme les voyages pour retourner aux sources de l’art martial, Lê Hai Binh et les maîtres ayant un travail stable prennent en charge les frais», confie-t-il.
Outre l’enseignement du sport martial, l’association se décline en plusieurs activités polyvalentes, comme un club d’anglais, de football ou encore de guitare. Selon le maître, c’est un véritable lieu d’apprentissage, de partage et d’échange pour ses élèves.
«Je vois souvent le maître Binh dans les médias. En contraste avec son image solennel pendant les conférences de presse, il est très ouvert et amical au club. Il nous apprend non seulement le vovinam, mais aussi les connaissances et transmet l’attachement à la Patrie», partage Thang, étudiant de l’Institut national d’administration.
Transmission du «feu» à la jeune génération
En plus de ses activités de diplomate, sa contribution au pays passe par la transmission du «feu» à la nouvelle génération. Un mode de vie sain, qui pousse les jeunes à acquérir un sens des responsabilités non seulement envers eux-mêmes, mais aussi envers toute la société.
«À travers ce sport, nous projetons d’offrir à la jeune génération une éducation saine, basée sur le respect d’autrui, afin de les préparer à relever les défis et les aléas de la vie», explique Lê Hai Binh. Et d’ajouter : «En outre de travailler en étroite collaboration avec mes chefs et mes camarades, c’est le vovinam qui m’a apporté la force, me permettant ainsi de surmonter les difficultés».
À première vue, le métier de diplomate semble être à l’opposé de celui de maître d’art martial. Mais selon Lê Hai Binh, ils sont bien plus similaires que l’on ne pourrait croire. Le vovinam se construit sur «l’harmonie entre la force et la souplesse» : une philosophie qui peut aussi bien s’appliquer aux principes des affaires étrangères, tantôt rigides, tantôt souples.
Outre l’Académie diplomatique du Vietnam, Lê Hai Binh enseigne gratuitement le Vovinam dans bien d’autres lieux, dont l’École de l’éducation physique 10 Octobre, l’Université d’économie nationale, l’Université polytechnique, l’Université de génie civil pour ne citer qu’eux.
Ses activités ne s’arrêtent pas là. Il est le secrétaire général de la Fédération de vovinam de Hanoi, crée en 2007, mais aussi secrétaire général adjoint chargé des relations extérieures de la Fédération de vovinam du Vietnam.