L’artisan de l’expansion du Vovinam à Taïwan

Peng Shu-Chun a contribué à l’essor du Vovinam à Taïwan (Chine). Les pratiquants de cette discipline d’origine vietnamienne sont vingt fois plus nombreux qu’en 2012.

 

Peng Shu-Chun (droite) a reçu sa ceinture jaune 2e dan en janvier 2015.
Photo : CTV/CVN


Alors qu’en Europe et en Afrique, le Vovinam avait ses adeptes depuis plusieurs années, en Asie, la pratique de cet art martial vietnamien était encore confidentielle. Peng Shu-Chun, 31 ans, est pour beaucoup dans l’expansion de ce sport à Taïwan, où il vit et est né. Ceinture jaune 2e dan depuis janvier 2015, il est président de l’Association de Vovinam de Taïwan. Grâce à lui, les sportifs actifs dans cette discipline sont vingt fois plus nombreux qu’en 2012. À l’époque, seules douze personnes la pratiquaient.

Recruter des élèves reste cependant difficile à Taïwan, où le Vovinam manque encore de notoriété. Mais ce sport, qui demande souplesse et adresse, gagne peu à peu du terrain.  

Peng Shu-Chun a découvert le Vovinam en 2011, alors qu’il surfait sur le web. «Je suis tombé sur une vidéo et j’ai tout de suite accroché, raconte-t-il. Le Vovinam m’a séduit par sa simplicité et son élégance. J’ai pris contact avec ceux qui avaient publié ces vidéos et je suis devenu l’un des disciples de Pham Van Tuân, un maître originaire de Thai Binh. Il m’a tout appris».

Le Vovinam est aujourd’hui pratiqué dans plus de 50 pays et territoires.
Photo : VNA/CVN


Pratiquant le taekwondo et le karaté depuis longtemps, Peng Shu-Chun a rapidement progressé en Vovinam. Après seulement deux ans, il pouvait déjà l’enseigner au sein de l’école où il était lui-même élève. Ses cours ont de plus en plus de succès.

«J’aime les coups simples, logiques et faciles à assimiler de cet art martial. En taekwondo, les mouvements de jambes sont essentiels, en karaté, ce sont ceux des mains. Le Vovinam combine savamment ces deux aspects», souligne Peng Shu-Chun.

Un sport pratiqué dans plus de 50 pays

«Grâce à des maîtres comme Peng Shu-Chun, le Vovinam est désormais un sport reconnu par de nombreux pays», souligne le grand maître vietnamien Nguyên Van Chiêu. Actuellement, le Vovinam est pratiqué dans plus de 50 États et territoires, le tout avec un encadrement de qualité puisqu’il existe désormais de nombreuses fédérations de Vovinam en Asie, en Europe, ainsi que dans des pays comme la Russie, l’Allemagne, l’Iran, etc.

En 2009, le Vovinam est devenu le premier art martial vietnamien à être introduit dans la liste des disciplines comptant pour les 3es Asia indoor Games (Jeux sportifs d’Asie en salle). En 2011, il a fait son entrée officielle dans le programme des compétitions des 26es SEA Games (Jeux sportifs d’Asie du Sud-Est), en Indonésie. Il était également inscrit dans les disciplines représentées aux Jeux asiatiques en salle 2013.

 

Un sport enseigné au grand public depuis 1945

Le Vovinam a été créé il y a plus de 70 ans par le maître Nguyên Lôc, né le 24 mai 1912 à Huu Bang, dans la province de Son Tây (aujourd’hui Hanoi). Dès son plus jeune âge, il fut absorbé par l’étude des arts martiaux et de la philosophie vietnamienne. Sur les conseils de son maître, il partit en voyage dans tout le pays pour bénéficier des enseignements des maîtres les plus compétents. Au cours de ses voyages, à une époque où se déplacer n’était pas aisé, il découvrit d’innombrables documents anciens jusqu’alors dispersés et ignorés.

En 1938, après avoir mis ses connaissances à rudes épreuves et après une longue méditation, Nguyên Lôc commença à codifier et à structurer ses techniques. Il recruta ensuite des disciples et fonda l’école Vovinam.

Il mit en avant les fondements philosophiques de l’art martial vietnamien afin de lui redonner sa véritable vocation. En 1939, le maître présenta officiellement l’école Vovinam lors d’une démonstration historique à l’opéra de Hanoi. Il dispensa son enseignement au grand public à partir de 1945. Dès lors, le Vovinam prit rapidement de l’ampleur pour devenir un large mouvement d’éducation visant à la «Formation de l’Homme Vrai».

Le 29 avril 1960, avant de s’éteindre à Sài Gon, entouré de ses disciples, le maître prononça ses derniers vœux et laissa son testament, ses œuvres ainsi que d’anciens livres très précieux à maître Lê Sang, qui lui succéda à la tête du mouvement.

À l’image de l’idéal du Vovinam, la vie du maître Nguyên Lôc a été simple et utile. Des valeurs qu’il a su transmettre pour toujours à des millions d’adeptes.


Phuong Nga/CVN