Le Docteur Vishnu Sahai est l’un des artisans du développement du Vovinam en Inde. L’art martial d’origine vietnamienne y connaît un joli succès, avec près de 12.000 adeptes. Et ce n’est qu’un début selon le Dr Sahai, qui espère l’étendre à tout le continent asiatique.
Il est rare de voir des pays gagnés par la fièvre d’un sport, si jeune soit-il. En juin dernier, la Fédération de Vovinam d’Asie du Sud a pu voir le jour, et compter sept pays membres. La même année, le premier tournoi a été organisé dans la foulée, incluant notamment quatre pays : l’Afghanistan, le Népal, le Bangladesh et l’Inde.
Pourtant, dans ce dernier, l’art martial vietnamien a rencontré quelques difficultés pour émerger, comme se rappelle le Docteur Vishnu Sahai. «Les premiers temps, le gouvernement et le ministère indien des Sports ne s’étaient pas intéressés outre mesure au développement du Vovinam, raconte le Docteur Sahai. Ils se sont lancés dans les disciplines inscrites dans le calendrier des compétitions officielles des jeux sportifs d’Asie ou des Jeux olympiques».
L’homme derrière le Vovinam
À 60 ans, le tout jeune retraité et ancien directeur marketing d’une société pharmaceutique avoue avoir été «séduit par la simplicité et l’élégance de ce sport». «J’ai présenté le Vovinam à de nombreux amis, qui eux aussi, ont finalement été conquis», explique-t-il.
En apprenant que le sport commence à émerger en Inde depuis 2008, la Fédération saigonaise de Vovinam a pris contact avec Vishnu Sahai pour l’aider à faire rayonner l’art martial dans son pays. En 2009 notamment, le grand maître Nguyên Van Chiêu et cinq entraîneurs vietnamiens se sont rendus dans la ville de Lucknow pour présenter le Vovinam dans l’école privée Montessori, une des institutions scolaires les plus en vue sur le plan international.
La délégation vietnamienne a également rencontré 140 pratiquants confirmés, venus de tous les coins de l’Inde, pour les aider à perfectionner leur niveau technique. Les meilleurs ont été sélectionnés pour prendre part à des tournois internationaux.
Grâce à son carnet d’adresses bien fourni, Vishnu Sahai a su lever des fonds pour organiser des stages dans plusieurs états indiens en vue d’enseigner les bases et partager l’esprit de cet art martial. Bon nombre de pratiquants s’y sont convertis, certains étant même devenus à leur tour des maîtres.
Le premier tournoi indien de Vovinam a été organisé au mois de décembre 2010, réunissant 400 athlètes. Six ans plus tard, le pays en compte 12.000.
Quand le Vovinam est enfin devenu un sport reconnu en Inde, le Docteur Sahai a eu pour ambition de le faire rayonner dans les pays voisins.
Dynamiser le Vovinam dans toute l’Asie du Sud
Il a pris contact avec les responsables de plusieurs fédérations d’arts martiaux dans les pays d’Asie du Sud pour tenter de les convaincre de développer le Vovinam dans leurs pays respectifs. Sans hésiter.
«Je suis le Docteur Vishnu Sahai, président de l’Association indienne de Vovinam. Je sollicite votre soutien dans le but de me mettre en contact avec les adeptes de Vovinam au Bhutan. Cet art martial a été introduit dans la liste des disciplines comptant pour les Jeux sportifs d’Asie en salle 2009 (Asia indoor Games, ndlr). Il fera son entrée officielle dans le programme des compétitions des Jeux sportifs de plage d’Asie 2016», écrit-il dans sa lettre envoyée au responsable de la fédération de karaté au Bhutan.
«Le Docteur Vishnu Sahai a énormément contribué à la promotion du Vovinam à l’étranger», insiste Nguyên Van Chiêu lors de la cérémonie de remise de la ceinture rouge pour récompenser son travail.
Désormais, en Asie, outre le Vietnam, cet art martial est pratiqué en Afghanistan, en Inde, au Cambodge, à Taïwan (Chine), à Hong Kong (Chine), en Indonésie, en Iran, en Irak, au Laos, au Liban, au Myanmar, au Népal, au Japon, au Pakistan, aux Philippines, au Sri Lanka et en Thaïlande.
Pour l’heure, Vishnu Sahai a l’ambition d’organiser pour fin 2016 un tournoi de Vovinam à l’attention de ses élèves indiens. - CVN/VNA